Rééduc’ à la maison : La thérapie miroir, simple, efficace.
Chère lectrice, cher lecteur,
Aujourd’hui, je souhaite vous parler d’une méthode de rééducation du mouvement un peu particulière, très utilisée en centre de rééducation, et qui a largement démontré son efficacité : la Thérapie Miroir.
Observez, c’est bouger !
Saviez-vous qu’une simple observation de mouvement recrutait les mêmes zones du cerveau que si vous produisiez un mouvement ?
Eh oui, c’est le principe des neurones miroirs. Les neurones miroirs sont un ensemble de neurones dans le cerveau, très impliqué dans la compréhension du monde, de l’autre, et plus précisément dans la production des mouvements.
Aussi, il a été largement démontré qu’après une atteinte neurologique, comme un AVC, un traumatisme crânien, ou autre…, observer un mouvement correctement exécuté permet de stimuler le cerveau ! Cela est d’autant plus vrai si on s’observe en train de bouger soi-même !
“Mais Docteur, comment faire pour stimuler son cerveau en regardant sa main paralysée bouger… alors que justement elle ne peut pas bouger ?” -me direz-vous-(c’est un peu le serpent qui se mord la queue tout cela tout de même…)
La réponse tient en deux mots : Thérapie Miroir.
La Thérapie Miroir, qu’est-ce que c’est ?
En fait, c’est très simple ! La thérapie miroir consiste à utiliser un miroir, que l’on va placer entre les deux mains, et qui va cacher la main paralysée. On va observer sur le miroir le reflet de la main saine en train d’effectuer des mouvements, pour leurrer le cerveau et lui faire croire qu’on bouge vraiment l’autre main. C’est très efficace. Si vous êtes un proche de patient, vous pouvez essayer, c’est une illusion cognitive assez perturbante…
Cette illusion visuelle va permettre de leurrer votre cerveau, en lui donnant l’impression que la main paralysée est effectivement en train de bouger normalement !
Cette illusion est tout à fait bénéfique : le cerveau va -dans la mesure du possible- très fortement stimuler les régions impliquées dans le mouvement ! Il s’agit des régions motrices (cortex moteur, sensitif, aires visuelles…).
Cela va à la fois :
Entretenir ses capacités et l’empêcher de perdre encore plus de fonctions du fait du non-usage (ne pas utiliser sa main mène des régions qui étaient restées saines à l’atrophie…).
Stimuler les régions impliquées dans le mouvement du côté paralysé, les renforcer, et favoriser une récupération du mouvement.
Empêcher certains mécanismes de formation de la douleur. (Douleur du membre fantôme de l’amputé, algodystrophie…)
Pour qui est-ce utile ?
La Thérapie Miroir est principalement utilisée dans les cas suivants :
Après un AVC (accident vasculaire cérébral), un traumatisme crânien ou toute lésion du cerveau affectant la motricité.
Dans les atteintes dites “périphériques” : paraplégie, tétraplégie, plexus brachial… dans un objectif pouvant être à la fois moteur (selon l’atteinte bien sûr), mais aussi de réduction de la douleur.
Dans les douleurs chroniques, comme le syndrome du membre fantôme de l’amputé ou encore l’algodystrophie.
En cas de paralysie partielle ou de faiblesse d’un membre
Dans certaines douleurs neurologiques complexes
Comment cela se passe ?
Lors d’une séance, on place un miroir à la verticale, entre les deux membres (généralement entre les deux bras, mais il existe également des dispositifs pour les jambes). Vous bougez votre bras valide, tout en regardant dans le miroir le reflet. Le miroir étant placé entre les deux bras, et cachant la main paralysée, vous voyez alors le reflet du bras sain en mouvement, à la place du bras atteint. Cela donne l’illusion que les deux bougent ensemble.
Ces exercices durent généralement 10 à 30 minutes, et peuvent être faits en cabinet ou à la maison avec les conseils de votre kinésithérapeute.
Quels exercices ?
Avant tout, bien qu’étant Médecin Rééducateur, je vous conseille d’en discuter avec votre l’équipe de rééducation qui vous suit, et qui saura adapter au mieux les exercices. Voici toutefois quelques pistes…
Ouverture et fermeture des doigts.
Flexion et extension du poignet.
Pince pouce-index.
Préhension et déplacement d’objets (cube, crayon, verre).
Rotation du poignet.
Mouvements plus globaux de l’avant bras.
Idées d’exercices de rééducation en thérapie miroir.
Illustration d’après “ The Effect of Mirror Therapy on Functional Recovery of Upper Extremity after Stroke: A Randomized Pilot Study” - Jung-Hee Kim & Byounghee Lee
Vous pouvez effectuer pour chaque session 5 à 10 répétitions de chaque mouvement, selon votre capacité de concentration, la douleur, la tolérance ! Une pause entre les mouvements peut être recommandée pour rester bien concentré !
Quels sont les bénéfices ?
Amélioration des mouvements : le cerveau est re-stimulé à envoyer des signaux au membre atteint.
Réduction de la douleur : en particulier dans le cas du membre fantôme ou des douleurs neuropathiques.
Reprise de confiance : vous voyez du mouvement là où il semblait ne plus y en avoir, cela casse des boucles cognitives négatives !
En résumé, la thérapie miroir est une méthode simple, très efficace et peu coûteuse, pour stimuler le cerveau et accompagner la récupération. Un simple miroir de poche suffit, bien qu’il soit tout de même recommandé d’avoir un miroir de plus grand format…
Si vous pensez qu’elle pourrait vous aider, n’hésitez pas à en parler à votre thérapeute.
Merci pour votre lecture, et à bientôt pour un nouveau billet sur Rééduc’ !
