AVC : Vais-je récupérer ?
Chères toutes, chers tous,
S’il est une question que tout le monde (se) pose après un AVC, à voix haute ou en silence, c’est bien :
👉 « Est-ce que je vais récupérer ? »
Une question simple… mais une réponse bien moins évidente. Le médecin dit qu’il faut attendre, qu’on ne peut pas prévoir. Sur internet, on lit « 3 mois », comme si tout s’arrêtait après… Et au fond de soi, l’incertitude s’installe.
À travers ce billet, je vais tenter de vous offrir des repères concrets pour mieux comprendre ce qui se joue, et surtout, des pistes pour avancer, à votre rythme, avec espoir et lucidité.
🧠 Pourquoi je ne bouge plus ?
Avant de parler récupération, il faut déjà comprendre pourquoi certains gestes ne répondent plus.
Le cerveau, c’est un peu comme une grande carte composée de zones spécialisées. Certaines contrôlent le langage, d’autres la mémoire, d’autres encore… le mouvement. Lorsqu’un AVC survient, une ou plusieurs de ces zones peuvent être endommagées. Les neurones qui s’y trouvent cessent de fonctionner, parfois définitivement.
C’est ainsi que la commande du mouvement peut être rompue : le bras ou la jambe ne répond plus, non pas parce qu’ils sont « cassés », mais parce que le cerveau ne parvient plus à leur envoyer les bons signaux.
La bonne nouvelle ? Le cerveau possède une capacité remarquable : la neuroplasticité. Cela signifie qu’il peut, dans une certaine mesure, se réorganiser, déléguer ses fonctions à d’autres zones, reconstruire des connexions. C’est exactement ce que vise la rééducation : stimuler et accompagner cette plasticité.
🔍 Les facteurs qui influencent le pronostic
Le chemin de la récupération est unique pour chacun, mais certains éléments peuvent influencer la manière dont il se déroule :
La localisation et l’étendue des lésions : un petit AVC dans une zone très spécialisée peut avoir plus d’impact qu’un plus gros dans une zone moins critique.
La rapidité de la prise en charge : chaque minute compte. Plus l’intervention est rapide, plus les chances de limiter les dégâts sont grandes, puisque moins de cerveau meurt !
L’âge : le cerveau jeune est souvent plus plastique, mais de nombreuses personnes âgées progressent aussi très bien avec un bon accompagnement.
Les antécédents médicaux : alcool, diabète, hypertension, maladies cardiaques… ces facteurs peuvent ralentir la récupération. Un cerveau très atrophique (très “maigre”, du fait d’une mauvaise hygiène de vie chronique - alcool, tension, … ) récupèrera moins qu’un cerveau mieux entretenu…
L’état de santé global et la condition physique avant l’AVC jouent également un rôle.
Le soutien émotionnel et social : être entouré·e, compris·e, encouragé·e fait une réelle différence, jour après jour.
Et bien sûr, la motivation personnelle et l’engagement dans la rééducation restent des leviers puissants.
Même si certains de ces facteurs ne dépendent pas de vous, d'autres, comme l’engagement et l’environnement, peuvent être activement cultivés pour soutenir votre parcours.
🔄 À quoi peut-on s’attendre ?
La récupération n’est pas linéaire. Elle varie d’une personne à l’autre, souvent au gré de problématiques médicales “de fond”. Mais certaines grandes étapes sont tout de même souvent observées :
Les premiers mois sont cruciaux : on assiste généralement à la majorité des progrès à ce moment là. Il faut essayer de stimuler au mieux le patient - dans la limite de ses capacités attentionnelles et cognitives bien sûr - pour favoriser cette plasticité.
Entre 3 et 6 mois, les progrès peuvent parfois ralentir, devenir plus discrets, mais il reste important d’être stimulé, que ce soit en centre par les professionnels, ou par les nouveaux challenges qu’implique un retour à la maison !
Après un an, les avancées sont parfois plus lentes… mais elles existent encore ! Certains travaux ont par exemple montré qu’une reprise de rééducation tardive (plusieurs années après la lésion cérébrale) permettait
💡 Oui, de nombreux patients continuent de progresser plusieurs années après leur AVC.
🌱 Ce que vous pouvez faire
Devenez le moteur de votre récupération. La rééducation ne se limite pas aux séances : chaque geste du quotidien peut devenir un exercice. Éplucher une pomme, boutonner une chemise ou dessiner un cercle – tout compte !
Créez votre équipe. Ne restez pas seul. Médecins MPR, orthophonistes, ergothérapeutes, proches motivants… Savoir bien s’entourer, c’est déjà aller mieux.
Fixez des micro-objectifs concrets. Dire votre prénom sans aide, écrire une liste de courses, tenir une tasse à deux mains. Petit ne veut pas dire inutile – au contraire.
Notez vos progrès, même les plus infimes. Tenez un carnet ou filmez-vous chaque semaine. Vous verrez : ce que vous ne sentiez pas changer devient visible avec le temps.
Rendez la rééducation vivante. Jouez, riez, improvisez. Votre cerveau apprend aussi par le plaisir. Comme nous le rappelons souvent, un cerveau qui s’amuse est un cerveau qui travaille ! Un exercice ludique vaut parfois mille répétitions mécaniques…
❓ Et si je ne récupère pas tout ?
Il est vrai que certains troubles peuvent persister. Cela ne veut pas dire que tout est figé. Avec le temps, les aides techniques, les adaptations, et un peu d’inventivité, on peut reconstruire une vie riche, pleine de sens.
Parfois, « récupérer », ce n’est pas « revenir comme avant », mais trouver un nouveau souffle, une nouvelle façon d’être soi.
🌟 En conclusion
Oui, vous pouvez récupérer.
Pas tout. Pas tout de suite. Mais gardez en tête que même les chemins cabossés mènent quelque part. Chaque mot retrouvé, chaque geste un peu plus fluide, chaque jour un peu plus vous-même… ça compte. Vraiment.
Appuyez vous sur tous les outils à votre disposition, à tout ce qui pourra vous être proposé. Travaillez avec les rééducateurs. Trouvez des exercices pour vous accompagner, et des proches qui avancent avec vous.
Vous n’êtes pas figés dans vos limites. Vous pouvez évoluer.
À très vite sur le blog, pour avancer ensemble !
Dr A. Adham